Le souci avec des journées de campagne aussi riches, c'est qu'elles apportent à peu près 15 sujets de note par jour.

Pendant ce temps là, Paul Magnette débattait avec Bart De Wever. Je suis sans doute un des seuls socialistes de la Région à l'avoir raté - pourtant ça vaut bien une note aussi.
Et puis, il y a tout de même un sujet qui revient périodiquement dans cette campagne, moins souvent que les avions, mais tout de même, c'est le PTB.
Aaaaaah! Le PTB! Sujet inépuisable, hochet des droitiers de tous poils, petit ovni de campagne qui vient toujours meubler utilement un article ou l'autre. Mais aussi (et pourquoi pas?) option électorale pour certains qui, me sachant parfois un peu radical, me demandent ce que j'en pense.
LA sensation du moment. Dans les sondages, le dangereux gauchiste reviendrait hanter la nuit du bourgeois et, faut-il croire, celle des traitres social-démocrates. Quand je lis la presse, surtout celle des traitres social-démocrates, d'ailleurs.
Et hop, au quart de tour, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, on brandit indifféremment la Corée du Nord, la Chine de Mao, la Russie de Staline, (insérez ici un pays de votre choix et la figure dictatoriale que vous y associez) pour dire à quel point ces gens là sont infréquentables.
Ce que j'en pense? Ca me fait doucement rigoler. Voila ce que j'en pense.
Certes, la transparence n'est pas la vertu première de cette organisation politique. Plusieurs couacs dans la campagne ont également montré qu'on n'y plaisante pas avec la discipline interne. Et la surprise de voir Christian Panier défendre la mémoire de Léopold III me choque profondément (comme historien et comme militant socialiste).
En attendant, je l'ai déjà dit ici, je n'ai pas d'ennemi dans la gauche radicale. J'ai un grand respect humain pour l'engagement des militants dans ces structures. J'y trouve même une ou deux personnes avec lesquelles la conversation est enrichissante et fructueuse. De toute façon, mon premier adversaire, il est à chercher à droite.
Mais ça me fait doucement rigoler. Sur l'analyse, je suis prêt à adhérer à 90% à leur vision des crises que nous traversons. D'ailleurs, je retrouve dans ce que je peux lire ici et là des accents de ce que nous disions déjà il y a 10 ans avec les Jeunes Socialistes bruxellois et dont nous n'avons pas dévié.
Au cours du dernier mois, j'ai assisté à plusieurs débats auxquels participait leur tête de liste régionale. Si son discours fait froid dans le dos à certains, je leur recommande de rallumer leur chaudière: il n'y a rien là-dedans qui le différencie de ce que peut dire n'importe quel membre d'une sensibilité de gauche du PS. Ce que j'ai pu entendre, si on le met à coté du fameux discours de Mitterrand à Epinay, c'est aussi révolutionnaire qu'une conversation mondaine à la table d'Albert Frère.

Donc, ça me fait doucement rigoler. L'ours rouge autoproclamé et médiatiquement encensé n'a pas d'aussi longues griffes qu'il le dit.
Alors pourquoi pas voter PTB, plutôt que socialiste?
A mon sens, pour 2 raisons essentielles:
- Ils ne veulent pas faire autre chose que de l'opposition. En dépit de virages sur l'aile plus ou moins assumés, le fait est que le PTB n'est pas près à entrer dans une coalition. Ca peut se comprendre: pas évident de garder les mains pures et sans tache quand on les met dans le cambouis. Etre dans l'opposition, ce n'est pas une honte. Ca arrive à tous les partis à différents moments de leur histoire. Mais dire dès le départ que sa seule ambition, c'est de rester sur le bord de la route et d'aboyer contre tout ce qui passe, de refuser toute prise de responsabilité... C'est de la force de frappe perdue tant pour la défense des droits sociaux que pour la mise en oeuvre d'une quelconque conquête. Je ne dirais pas la même chose si leur ligne était réellement celle du Front Populaire, comme certains le disent volontiers. A ce stade, ils en sont encore à la ligne Classe contre Classe.
- Ils font cause commune avec au moins une liste réactionnaire. Pour se garantir d'atteindre le seuil électoral de 5%, le PTB a conclu un accord technique de "groupement de listes" avec d'autres "petits partis", parmi lesquels "Belgique Unie". Au sein de ce groupement, les sièges obtenus sont répartis suivant une clé d'Hondt. Voter pour le PTB, c'est donc aussi, indirectement, voter pour ce parti et son programme de réduction massive et linéaire des cotisations sociales et lui donner de bonnes chances d'obtenir un député régional. Bonjour la cohérence.
Voila, ami lecteur tenté par ce vote, le 25 mai, tu feras encore bien ce que tu veux, par conviction ou par défoulement. Mais au moment de poser ton crayon sur le magnifique écran tactile de ton bureau de vote, pense tout de même à ça: une vache peut avoir autant de couteaux qu'elle veut entre les dents, elle n'actionne pas l'aiguillage. Elle se contente de regarder passer le train.